GPS ou CARTE ROUTIERE
Jadis, l'ambiance au sein de l'habitacle laissait à désirer, surtout quand le conducteur avait écopé d'un coéquipier sous-doué, un de ces illetrés de la route, tout à fait capable de suivre, en tirant la langue, un itinéraire jaune ou rouge pendant dix bonnes minutes avant de s'entendre proposer, d'un ton sec, de tourner la carte routière dans le bon sens.
Aujourd'hui, c'est le GPS que l'on doit engueuler s'il se trompe. Mais il n'y a pas de crainte à avoir : il est programmé pour la réussite, la pensée unique, la voie rapide. Le GPS est un élégant à cravate formaté pour le XXIème siècle, il évacue les doutes, les disgressions, l'inattendu ; un de ces sourires mondains verbeux qui refoulent, comme derrière une sorte de digicode, les voyous qui tentent de nous squatter l'encéphale.
Oui, en ce début du XXIème siècle, il semble bien que le GPS ait redéfini une forme de censure, fort efficace, comme s'il fallait écarter à tout prix le désir - pourtant bien légitime - de se perdre. Avec son incessant verbiage, il s'y entend pour faire taire tous vos désirs de vagabondages. Et allez, hop, tout le monde sur l'autoroute du prémâché.
Avec l'audioguide, ce GPS de musée, il est maintenant possible de suivre un itinéraire cent pour cent japonais sur la grande avenue qui va de la Joconde à la Vénus de Milo, sans jamais fureter dans les petites salles, en occultant les tableaux dits mineurs qui font le sel des rencontres et le bonheur des amateurs. N'est-ce pas à la faveur d'une errance, disgression ou imprévu, que l'on a le plus de chance de découvrir une pépite poétique, touristique ou amoureuse ?
L'arrivée du GPS n'est peut-être pas une si bonne nouvelle, surtout, paradoxalement, chez ceux qui se perdent et recherchent peut être dans ces errances une bouffée d'oxygène salutaire. L'occasion de fuir cet entrelacs de contraintes...
Mais s'il faut craindre le GPS, c'est surtout pour le salut des couples. En effet, ainsi réduits au silence par la voix qui vient d'en haut, ils vont devoir refouler les conflits qui les faisaient exploser à peu de frais dans l'habitacle.
Sans le GPS, il régnait en voiture une écologie de la dispute sur le thème du très bien connu : "Moi Vénus, la bébète de l'autoroute, incapable de lire une carte. Toi, Mars, homme fort, qui roule trop vite." On se cachait alors avec délectation derrière l'éternel féminin décérébré ou le masculin injecté de testostérone, ce qui nous évitait de nous retrouver face à face...
Et surtout, le sujet de la dispute - "On a loupé la petite D 122, c'est de ta faute - Non, c'est de la tienne" - nous empêchait de nous étriper violemment sur l'amour qui fout le camp. Avec le GPS, ne risque-t-on pas de se retrouver illico sur l'A 75 des grosses engueulades, sans passer par l'itinéraire bis des chamailleries.
Alors, pour la sauvegarde du conjungo, je rêve pour ma part d'un de ces objets bavards, un GPS de l'inconscient, qui parle d'en bas, qui se lâche, un GPS pulsionnel qui chanterait faux, roterait, débiterait des mots cochons, ironiserait sur lui-même : un GPS qui se traite de pauvre bourrique, qui tremble quand on va trop vite.
En attendant cette heureuse naissance, si vous cherchez à vous délecter de vrais bons itinéraires bis ou ter, des embouteillages et des routes en chantier, des sentiers de montagne en plein éboulement, rendez-vous sur le virtuel. Internet, dans sa logorrhée brouillonne et ses multiples ramifications, réinvente le bon gros bordel, là où le GPS l'étrangle. De telle sorte que le très mondain GPS ne se conçoit qu'avec son alter égo Internet - de même que le refoulement ne se conçoit jamais sans retour du refoulé.
(Extrait de : Les Objets bavards)
Aujourd'hui, c'est le GPS que l'on doit engueuler s'il se trompe. Mais il n'y a pas de crainte à avoir : il est programmé pour la réussite, la pensée unique, la voie rapide. Le GPS est un élégant à cravate formaté pour le XXIème siècle, il évacue les doutes, les disgressions, l'inattendu ; un de ces sourires mondains verbeux qui refoulent, comme derrière une sorte de digicode, les voyous qui tentent de nous squatter l'encéphale.
Oui, en ce début du XXIème siècle, il semble bien que le GPS ait redéfini une forme de censure, fort efficace, comme s'il fallait écarter à tout prix le désir - pourtant bien légitime - de se perdre. Avec son incessant verbiage, il s'y entend pour faire taire tous vos désirs de vagabondages. Et allez, hop, tout le monde sur l'autoroute du prémâché.
Avec l'audioguide, ce GPS de musée, il est maintenant possible de suivre un itinéraire cent pour cent japonais sur la grande avenue qui va de la Joconde à la Vénus de Milo, sans jamais fureter dans les petites salles, en occultant les tableaux dits mineurs qui font le sel des rencontres et le bonheur des amateurs. N'est-ce pas à la faveur d'une errance, disgression ou imprévu, que l'on a le plus de chance de découvrir une pépite poétique, touristique ou amoureuse ?
L'arrivée du GPS n'est peut-être pas une si bonne nouvelle, surtout, paradoxalement, chez ceux qui se perdent et recherchent peut être dans ces errances une bouffée d'oxygène salutaire. L'occasion de fuir cet entrelacs de contraintes...
Mais s'il faut craindre le GPS, c'est surtout pour le salut des couples. En effet, ainsi réduits au silence par la voix qui vient d'en haut, ils vont devoir refouler les conflits qui les faisaient exploser à peu de frais dans l'habitacle.
Sans le GPS, il régnait en voiture une écologie de la dispute sur le thème du très bien connu : "Moi Vénus, la bébète de l'autoroute, incapable de lire une carte. Toi, Mars, homme fort, qui roule trop vite." On se cachait alors avec délectation derrière l'éternel féminin décérébré ou le masculin injecté de testostérone, ce qui nous évitait de nous retrouver face à face...
Et surtout, le sujet de la dispute - "On a loupé la petite D 122, c'est de ta faute - Non, c'est de la tienne" - nous empêchait de nous étriper violemment sur l'amour qui fout le camp. Avec le GPS, ne risque-t-on pas de se retrouver illico sur l'A 75 des grosses engueulades, sans passer par l'itinéraire bis des chamailleries.
Alors, pour la sauvegarde du conjungo, je rêve pour ma part d'un de ces objets bavards, un GPS de l'inconscient, qui parle d'en bas, qui se lâche, un GPS pulsionnel qui chanterait faux, roterait, débiterait des mots cochons, ironiserait sur lui-même : un GPS qui se traite de pauvre bourrique, qui tremble quand on va trop vite.
En attendant cette heureuse naissance, si vous cherchez à vous délecter de vrais bons itinéraires bis ou ter, des embouteillages et des routes en chantier, des sentiers de montagne en plein éboulement, rendez-vous sur le virtuel. Internet, dans sa logorrhée brouillonne et ses multiples ramifications, réinvente le bon gros bordel, là où le GPS l'étrangle. De telle sorte que le très mondain GPS ne se conçoit qu'avec son alter égo Internet - de même que le refoulement ne se conçoit jamais sans retour du refoulé.
(Extrait de : Les Objets bavards)
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Excellent billet ma Jeffane
RépondreSupprimerLes vidéos supers
Si tu veux le compléter voici une vidéo qui peut t'intéresser.
http://www.youtube.com/watch?v=TiQRKO5vevg
Bizzzzzzz et bonne journée
ZAZA
Zaza...
RépondreSupprimerMerci et hop... je l'ajoute...
vois-tu je ris encore de ton bulletin de vote...
et c'est pas fini...
bises...
Pas mal la Niçoise.
RépondreSupprimerDr WO
Tu as raison d'en rire encore. Moi je ne rigolais pas aujourd'hui. Ce matin, tôt, j'ai fait une méga crise d'angine de poitrine, direction Pontchailloux à Rennes. Bref ils ont fini pas relâcher ce soir en me demandant de reprendre rendez-vous pour effectuer une nouvelle coronarographie. Je pourrais donc aller déposer demain un autre bulletin de vote du même acabit.
RépondreSupprimerBonne soirée
Bizzzzzzzzz
ZAZA
Zaza
RépondreSupprimerMeilleure santé...
Ponchailloux ... beaucoup trop de mauvais souvenirs pour moi...
mais courage à toi... je t'accompagne en silence....
bisous
Dr Wo : très juste....
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